Dans un recoin désafecté du hangar...

Septième sous-sol, 5h16. En avance de 4 minutes.

L'avantage des anciennes section désaffectées, c'est qu'on y est pas dérangé. C'est pour ça qu'on y trouve ce qui est prohibé par les Lois du Consortium: marché noir, jeux illégaux, règlements de comptes et autres duels. Eld attendait, patiemment aux commandes de Sylfarion, son méchatech.

Lentement, il respirait, se concentrait. L'arène, les champs de batailles c'était bien, mais parfois, il aimait surfer sur les réseaux parallèles pour débusquer des combats non officiel. Bon nombre d'excellents pilotes préféraient se rencontrer librement plutôt que de se soumettre à des règlements et des administrations qui les oppressaient et limitaient la pratique de ce qu'ils nommaient "Le Grand Art".

Biensur, le risque dans de telles rencontres était de se retrouver face à des voleurs et autres mystificateurs qui ne respectent pas le code des pilotes, ou pire des incompétents. Mais cela ne lui avait jamais posé problème, les personnes mal intentionnées sont bien souvent des incapables et les incapables ne sont pas un problème.

Tidiit Tidiiit le bruit du réveil retentit dans le cockpit. Eld sorti progressivement de sa méditation, quittant les schémas mentaux des pièces et systèmes de sa machine.

Bien, il est temps, l'autre ne devrait plus tarder maintenant...se dit-il pour lui-même tandis qu'il sentait sa curiosité lui démanger d'impatience.

5h20, pile à l’heure.
Un claquement résonna dans le fond du vaste sous-sol, et les ampoules qui éclairaient la salle grésillèrent. Une voix, déformée par le microphone d’un métatech, se fit entendre.

Ca c’était pour la mise en scène.

Les lumières se rallumèrent aussitôt, et Eld put distinguer son adversaire, face à lui.
Le Métatech ennemi était d’un gris sombre et sans tons. Un code barre argenté luisait sur son épaule, où se reflétaient les lumières artificielles. Son cockpit était ouvert, dévoilant son pilote, une bien frêle créature, en réalité, entre les deux imposants bras mécanique.

C’était une jeune femme, élancée, presque maigre, à la peau blanche et à peine couverte. De ses jambes et son bassin, invisibles, dissimulés par le panneau de contrôle, naissait un ventre nu parfaitement plat. La timide poitrine de l’inconnue était couverte d’une légère bande de tissu rectangulaire, visiblement nouée dans son dos. Ses fins avant-bras étaient couverts de deux plaques d’un métal brillant d’où dépassaient de nombreux fils. Ses doigts agiles couraient sur la table devant elle sans hésiter. Un casque d’une couleur rouille dissimulait la partie supérieure de son visage et ses cheveux, ne laissant voir que deux lèvres finement dessinées et un discret micro, surplombant un menton agressif.

Bien… Je crois que nous sommes prêts…

La vitre teintée du cockpit s’abaissa et Eld entendit un cliquetis familier. Le combat allait commencer.

*Tiens tiens, des implants de connexion.. il n'y a guère plus que les prototypes des départements de recherches qui travaillent encore avec pour leurs expériences...*


"Chère adversaire, honoré d'être le vôtre." C'était ainsi qu'il convenait de se gratifier entre pilotes. Tel les samurais & chevaliers de tous temps, il était de bon ton selon leurs usages de se présenter et de se remercier d'accepter de partager le combat ensemble, puis d'effectuer un salut.

Certes il ne s'était pas présenté, mais comme son adversaire ne l'avait ni fait ni demandé, il se passa de cette formalité.

Vrombissement sourd

Le Méchatech vaguement bleu et blanc dont les pièces ne semblaient pas avoir été repeintes depuis longtemps bougea. Il se leva, portant son bras droit sur le cœur et s'inclinant légèrement, avant d'adopter une garde de 3/4. Sans précipitation, presque avec autant de douceur que de détermination, ses mouvements étaient fluides et sûrs.

Bruit de l'ordinateur de bord dans le cockpit

*Hum, si le mech est passé par les labos du Consortium, y'a des chances qu'il ne soit pas le seul...*

Alors que l'ambiance du combat commençait à s'installer, Eld dit d'une voix impénétrable et sans faille:

-... je le crois aussi.

Ca y est, le combat avait commencé.