Un nouveau job

HRP: rp en solitaire, fin HRP.

Voilà six mois maintenant que le portail galactique présent dans notre système solaire est réactivé. On se rappel tous du jour, un vent de panique avait soufflé sur notre monde alors en reconstruction, la population civile évacuée dans le système de bunkers souterrains alors que les restes de notre armée étaient mobilisés, heureusement, il s’avéra qu’il se s’agissait pas d’une attaque mais bel et bien un renouveau des rapports entre notre nation et le reste de la galaxie.

Notre colonie, pouvant juste se subvenir à elle-même, ne profitant que d’un petit surplus pour les exportations est apparue peu intéressante aux yeux des grands de cet univers, de ce fait, la nation d’Artessos est devenue semi-indépendante. La réactivation du portail en orbite de lune de notre planète a permis la mise en place d’un commerce entre nous et l’espace exploré, ceci c’est révélé profitable pour notre reconstruction après cette grande guerre à laquelle nous n’avons pas pris part, hélas, nous nous rappelons tous que notre système fut le théâtre d’une âpre bataille entre les révolutionnaires et l’empire.

Le jeune homme quitta son siège après avoir payé son verre, sans plus faire attention aux informations. Il était de taille moyenne, sa stature était chétive, il portait ses longs cheveux sombres derrière sa nuque, une queue de cheval descendant jusqu’au milieu du dos. Il avait le visage fin, les yeux sombres, il était de ce genre de personne que personne ne remarque. Il mit son grand manteau chaud et sortit de la taverne, dès que la porte fut fermée les bruits de conversations des clients disparurent enfin.

La neige avait commencé à tomber la veille au soir. En voyant ruisseler les flocons d’un blanc scintillant dans la lueur du soleil couchant, tous avaient compris que l’hiver montrait le bout de son nez. Au petit matin la neige s’était calmée et avait habillé d’une couche de près de dix centimètres d’épaisseur les endroits non traités. Le jeune homme marchait lentement sur le trottoir ainsi recouvert, il n’aimait pas emprunter les bandes transporteuses, il porta son regard vers l’horizon oriental, là où déjà paraissait une teinte rougeâtre annonçant le lever prochain du soleil. Le jeune homme sourit quand il croisa une bande de gamins s’amusant à se lancer quelques boules de cette neige, il en évita une de justesse, il était rare que le froid atteigne des température assez basses pour permettre des chutes de neige et surtout, l’absence totale de fonte. La fermeture magnétique de son manteau agrafé, il pouvait affronter sans peine le froid matinal.

Ce matin là les rues étaient bondées de monde, c’était la première fois depuis la reconstruction de cette cité qu’il voyait autant de monde dehors, surtout à une heure si matinale. Bien que les grands travaux étaient encore inachevés, les gens prenaient un peu de bon temps, une preuve que le mental était au beau fixe ces derniers temps sur Artessos, colonie presque oubliée aux marges de l’espaces explorées, monde sans grande importance aucune, planète non stratégique, pas assez riche pour attirer les grands du Consortium.

Après cette petite marche, Roland car tel était son nom regagna le petit appartement qu’il avait en banlieue de la cité. Cette ville, du nom d’Iros était la capitale d’Artessos. Roland habitait dans une résidence construite il y avait peu, elle ne dépassait pas les quatre étages, sur ce monde on avait pas la folie des grandes heures, on ne trouvait quasiment aucune de ces tours montant à l’assaut du ciel comme sur les mondes riches et importants, défigurés par la mains de l’Homme. Le jeune homme franchit la porte après s’être débarrassé de la neige collée sur ses bottes. Puis il emprunta le puit antigrav pour s’arrêter au troisième. A chaque étage on ne comptait que six appartements. Le jeune homme ne se fit pas prier pour rentrer dans celui qu’il occupait. Une entrée, des toilettes et une salle de bain, une chambre et une cuisine, un salon.

Quelqu’un avait essayé de le joindre durant sa courte absence, un message holographique avait été laissé. Quand il actionna le projecteur holographique il constata qu’il s’agissait de l’un des membres du Conseil régissent ce système solaire.

-Bonjour à vous Roland Majock. Votre rendez-vous au Conseil est avancé, il aura lieu aujourd’hui à dix sept heures précise, tachez d’être présent, c’est très important ! Nous avons une proposition intéressante à vous faire et surtout, il s’agit d’une nécessité pour Artessos toute entière, nous vous prions donc de bien vouloir vous libérer si vous êtes pris ailleurs afin de venir nous voir. Bonne journée.

Le jeune homme soupira, il connaissait bien le Conseil, il avait pris ses dispositions pour toute la semaine, il était libre à toute heure …

Le premier conseiller élu par le peuple d’Artessos désigne de lui-même parmi les élus régionaux ceux qui vont avec lui siéger au Conseil qu’il préside. En tout, dix personnes forment ce conseil en plus du premier conseiller, ceux-ci dirigent les grandes affaires politiques de la planète et du système solaire, bref, de la colonie toute entière, ils sont bien sur aidés des élus régionaux et de spécialistes de ces milieux respectifs.

Les conseillers et leurs aides pensent les lois, en écrivent les textes. Le premier conseiller après avoir examiné une loi valide son passage au vote, le peuple appelé aux urnes décide de lui-même par référendum de la mise en application de la dite loi, de ce fait la vie politique à Artessos est très active et est une des priorités du peuple. Si jamais le premier conseiller ne valide pas son passage au vote, la loi est retravaillée ou abandonnée.


-Alors, que pensez-vous de cette proposition ?

Roland leva les yeux et posa son regard sur la première conseillère, dirigeante du Conseil d’Artessos. Cette femme d’âge avancée était en poste depuis maintenant sept mois, élue par le peuple de la colonie, elle menait une politique de reconstruction et d’ouverture aux restes de l’univers connus.

-Vous êtes sérieux ? Demanda le jeune homme.

-Bien sur, rétorqua de suite la première conseillère, ce poste est fait pour vous !

Roland garda le silence, les conseillers tous présents attendaient sans mot dire. Le silence se prolongeant un peu trop au goût d’un des membres du Conseil, quelqu’un prit la parole :

-Je vous rappel que c’est vous qui avez pris contact avec les agents de l’empire il y a maintenant un peu plus de six mois, dans l’urgence de la situation vous avez réagis mieux qui quiconque !

-De plus, continua un autre, outre cela, nous savons que votre participation à cette guerre malheureuse …

-Parlons en donc de ma participation ! Je vous rappel qu’avec une machine de guerre pourtant perfectionnée je n’ai pas résisté cinq seconde face à un pilote d’élite des armées impériales, j’ai terminé un mois à l’hôpital, très glorieux en effet !

Le silence revint, tous se rappelaient la bataille qui avait ravagée la surface de ce monde pourtant paisible lors de la phase finale de la grande guerre. Roland avait été comme beaucoup mobilisé pour protéger Artessos mais il était à cette époque qu’un étudiant en science politique.

-Qu’importe ! Nous parlons d’un poste d’ambassadeur !

-Certes première conseillère, s’exclama un des conseillers, mais il est utile de rappeler que ceux qui vivent dans cette station on tous une aptitude au pilotage, ils savent se battre, aussi … il serait bon que notre ami ici présent apprennent un jour à …

Le conseiller laissa sa phrase en suspend mais tous en avaient compris le sens, pas besoin d’en dire plus, tout était parfaitement clair. La première conseillère reprit la parole.

-Jeune homme, nous vous proposons donc ce poste d’ambassadeur et représentant de la colonie semi-indépendante d’Artessos au sein même de la station spatiale du Consortium, libre à vous d’accepter ou de refuser mais, avant que vous preniez votre décision sachez ceci : outre votre talent diplomatique mis au service de notre nation vous allez pouvoir explorer l’espace, vous qui rêvez de voir la galaxie voilà l’occasion rêvée, malgré votre poste là bas, vous aurez du temps disponible pour partir découvrir l’univers exploré. Ainsi votre politique d’ouverture, de découverte et d’exploration sera mise en place si vous acceptez le poste qui est bien sur très bien payé, possibilité de revenir sur Artessos quatre fois l’an, plus en cas de besoins professionnels, libre à vous de former l’équipe qui va vous accompagner là bas !

Les minutes s’écoulèrent lentement, la discussion s’éternisa encore et encore, au-dehors la nuit était déjà tombée depuis longtemps quand Roland clama :

-J’accepte le poste, dans les jours à venir je vais former mon équipe, je viendrais vous la présenter avant de gagner les étoiles.

-Tu es donc libre de constituer ton équipe ?

Roland ne fit qu’acquiescer d’un signe de la tête à la question de la jeune fille. Elle était une adolescente, âgée à peine de quatorze ans standard. Elle se nommait Fianna, jeune protégée de Roland qui était son tuteur, ils étaient aussi proches qu’un frère pourrait l’être de sa sœur. L’histoire de Fianna n’était pas banale, mais aussi malheureuse, lors de la guerre sa famille toute entière avait péri dans le conflit. Ce qui caractérisait aussi cette jeune fille c’était son incroyable intelligence, elle avait plusieurs années d’avances par rapport aux programmes d’éducations ayant cour sur Artessos.

-Et tu penses à qui ?

Roland leva son regard vers le ciel, la nuit était déjà tombée, les étoiles brillaient de leur feu étincelant. Ils marchaient dans la rue, il raccompagnait sa protégée chez elle, au sein d’une famille qui avait accepté de se charger d’elle.

-Ben …

-Ben ? Je ne voudrais pas te décourager mais …

Elle laissa sa phrase en suspend quand son tuteur cessa de marcher et qu’il pausa sur elle un regard mystérieux, un étrange sourire en coin venait illuminer ses traits de visage.

-Il viendra !

Ils reprirent leur marche, le silence dura quelques minutes avant que la jeune fille reprenne la conversation.

-Comment peux-tu être aussi sur ?

-Mais je ne suis sur de rien Fianna … sur de rien !

Elle qui connaissait si bien son tuteur ce soir elle était décontenancée, il lui arrivait parfois d’avoir cette étrange attitude, en ces moments là, il devenait incompréhensible. Elle était incapable de comprendre son raisonnement, perdue, elle ne savait plus que dire.

-C’est comme un défis, reprit-il, oui, un défis ! Il est temps qu’il comprenne …

Cette fois-ci c’est elle qui acquiesça, l’allusion était flagrante, surtout pour elle qui connaissait assez bien ce Ben. Durant la guerre, quand Artessos devint un champ de bataille entre les forces de l’empire et les révolutionnaires, Ben avait piloté un de ces fameux robots de combat, bon pilote, le meilleur de la planète, il avait défendu avec bravoure son monde. Mais lors de la deuxième phase, quand les troupes impériales attaquèrent Artessos, les forces de la colonie inférieures en nombres et en équipement avaient été balayée en un rien de temps, se fut lors de cette bataille que Roland avait été blessé d’ailleurs. Les ultimes forces d’Artessos défendirent la retraite des civils vers les abris souterrains, beaucoup périrent durent cet épisode tragique de l’histoire de cette colonie, comme la famille de Fianna. Un drame c’était parmi tant d’autre c’était produit, combattant seul pour sauver des civils, Ben avait failli dans sa mission, malgré sa résistance sa machine avait été détruite, il y avait eu d’innombrables morts. Après la deuxième phase, Artessos envahie, sa faible armée décimée, la colonie s’était rendue, n’ayant aucune importance d’aucune sorte l’empire ayant besoin des troupes disponibles sur d’autres fronts évacua le système. Quand revint le temps des contact, ce même empire avait reconnu à la colonie une semi-indépendance.

-Peut être Rog aussi.

-Lui il viendra, lui répondit la jeune fille, c’est quasiment sur !

-Nous y sommes !

Fianna fit une petite moue de mécontentement, elle qui voyait peu son tuteur ces derniers temps, et voilà que déjà ils devaient se séparer, par la suite Roland allait partir pour cette station, il ne reviendrait que très peu. La tristesse commença à submerger Fianna. Elle gagna la porte de la maison, les personnes chez qui elle logeait ne sortirent pas, ce qui la surpris, d’habitude, toujours à n’importe quel de ses retours, ils se tenaient là, à la porte.

-J’ai aussi pensé à une autre personne, bien que j’ai les autorisations nécessaire, bien que c’est pour la une demi année à chaque fois, je me dois de demander son aval.

La jeune fille se retourna vers son tuteur, un espoir en elle était né mais elle préférait le chasser plus qu’espérer.

-Alors ?

-Alors quoi ?

-Et bien, tu veux venir ?

-Sérieux ?

-Bien sur ! Je reviens dans une semaine, tu me diras quelle sera ta réponse à ce moment là, à la prochaine !

Il tourna le dos et commença à s’éloigner, saluant d’un dernier geste de la main il disparut dans la nuit, la jeune fille elle, resta encore un moment devant l’entrée, complètement submerger par le bonheur naissant, heureuse oui, mais surtout reconnaissante, pour elle Roland était comme un frère, avoir la possibilité de rester avec lui malgré son nouveau travail était …

Elle porta encore un regard vers la ville drapée d’un voile hivernal, la nuit noire était entachée par les étoiles qui diffusaient une lumière vacillante. Cette nuit qui paraissait pourtant si froide et si désolée sembla pour elle se transformer. L’espoir d’un lendemain verdoyant n’était pas vain, mais bel et bien réel, la promesse d’un doux avenir dans les étoiles, une chance inespérée. Elle détourna alors ses yeux de cette cité comme si elle était un champ immense de la solitude et rentra dans cette maison qu’elle allait bientôt quitter …

Phase 0 : dès le début de la guerre Artessos, petite colonie sans importance aucune se déclara neutre. Cette nation ainsi espérait pouvoir respecter ses idéaux : ne pas prendre part aux conflits entres les nations, ne pas envahir, na pas se laisser envahir. Un monde crée par la guerre ne fera que provoquer encore d'autres batailles, une guerre n’étant jamais gagnée mais toujours perdue malgré une victoire illusoire, telle la philosophie Artessienne.

Phase 1 : malgré la neutralité annoncée, la colonie d’Artessos fut touchée à son tour par la guerre. Alors qu’une armée impériale poursuivait des troupes révolutionnaires, ces flottes entrèrent dans le système solaire comprenant Artessos. Les forces armées de la colonie se déployèrent alors en orbite d’Artessos. Le but était d’empêcher que la bataille entre les forces impériales et les troupes révolutionnaires se déroule sur ou/et en orbite d’Artessos. Lors de cet événement, la colonie fut peu touchée, il n’y eut que quelques destructions en surface, le peuple ayant trouvé refuge dans les abris souterrains, on ne dénombra aucune perte civile, par contre, l’armée d’Artessos fut quasiment décimée. La bataille eut lieu en orbite de la lune d’Artessos, les impériaux n’obtinrent qu’une demi-victoire, une partie des rebelles parvint à fuir.

Phase 2 : dans le but de venger les pilotes impériaux morts et la demi-victoire obtenue, une force de frappe impériale émergea en orbite d’Artessos. Les exigences étaient une reddition de la colonie, d’aider l’empire dans son effort de guerre et d’envoyer des troupes soutenir les forces impériales dans la galaxie. Face au refus du gouvernement de l’époque débuta l’invasion de la planète. Les ultimes forces armées d’Artessos protégèrent la fuite des civils vers les abris, mais cette fois les pertes furent lourdes (matériel comme Humain). L’occupation ne dura pas, Artessos n’étant d’aucune importance stratégique ou économique les forces impériales présentes furent rappelées sur d’autres fronts. Iros, la capitale ainsi que les villes de Nortoc, Alajac, Imilick et Noruck (les principales cités de la colonie) furent annihilées, elles n’étaient plus que champs de ruines et de désolation.

Aujourd’hui est venu le temps de la reconstruction, seule l’ancienne ville de Noruck ne fut pas rebâtie, elle est demeurée chaos, nommée maintenant Souvenir, elle n’est qu’un immense mémorial, les ruines étant devenues lieu de mémoire.



Nouveau tir, cette fois l’armure mobile est touchée, malgré les réflexes de son pilote de talent, trois autres attaques parviennent à endommager la machine de guerre. La riposte se fait pas attendre, un regard jeté à la va vite sur l’écran de visualisation lui permet de se rendre contre que la situation est plus que critique, les civils qu’il doit protéger sont encore loin de l’entrée de l’abris et voilà qu’il est en train de se faire battre. Il reporte sa concentration sur la bataille, à sa gauche explose la dernière armure mobile alliée, il est seul. Plaçant le bouclier devant lui, ajustant son blaster, il tir salves après salves, l’agilité de l’ennemi est surprenante, lui qui est bientôt à cour d’autonomie. C’est alors que le drame a lieu, après avoir repoussé trois unités adverse un tir lui fauche la jambe gauche, l’armure perd l’équilibre, les attaques se succèdent sans cesse, le blaster explose, le bouclier vole en éclat, il s’extrait de sa machine que par miracle pour contempler … la mort, elle semble lui faire face, mais c’est l’horreur pure et dure qui apparaît, des dizaines de civils, hommes, femmes, enfants gisent là, calcinés.

Ben ouvre subitement les yeux, le souffle court il se rend compte qu’il transpire anormalement. Cherchant à retrouver son calme il passe une main sur son visage et se lève quittant ainsi son lit. Se dirigeant vers la salle de bain il s’en va prendre une douche, il sait bien qu’elle ne pourra pas effacer ces tristes images. Il est encore tôt, mais après la douche il ne se recouche pas, Il se revoit ce jour là, les jours suivant, il entend de nouveau les paroles qu’il avait prononcée cette fois-là, à voix basse il les répète :

-Jamais plus je piloterais une armure mobile !

Un sourire ironique embellit alors les traits de son visage, il parait froid, distant, peu sociable. Ses courts cheveux gris, son dernier œil, le droit, après la perte du gauche durant la phase 2 est de couleur verte, une balafre parcoure son visage. Un homme marqué physiquement mais aussi mentalement. Un sourire ironique donc qui vient saluer sa condition, du pilotage il est passé à la conception. Depuis la reprise des rapports entre Artessos et les restes de l’univers exploré une priorité est née, celle de préserver la nation contre tout nouveau type de danger, aussi, elle se doit de disposer d’une force de frappe suffisante pour se défendre et répondre aux diverses agressions venues du cosmos profond.

Il repense donc à l’élaboration du tout nouveau type d’armure mobile mis au point sur Artessos. Le projet prit le nom de P1 (prototype un), lors des tests il reçut le nom de PA1 (prototype Artessos un), maintenant que la machine est opérationnelle elle se nomme AMPA1 (armure mobile artessos prototype un).

Ben en vain ne parvient pas à chasser les images de mort de son esprit, il s’en va alors dans son bureau et met en marche son ordinateur, il compte se remettre au travail, le seul moyen qu’il est trouvé pour ne plus penser aux faits passés, entièrement concentré, il commence à réfléchir à l’élaboration d’un nouveau modèle d’armure mobile en oubliant totalement que son vieil ami Roland doit passer aujourd’hui pour lui parler travail …

La voix se dilua dans le silence, puis il n’y eut plus que le silence … et Roland s’éveilla. Durant un moment il demeura étendu, immobile, les yeux comme perdus, il luttait pour se réorienter au sortir du sommeil. Son être était la proie d’un sentiment de désorientation, de tristes souvenirs, cette nuit, avaient resurgi, des images, des sons, des paroles, une voix, un appel, un cri, une demande ou bien une prière, un pleure ou encore un râle d’agonie. Un chagrin intense qu’il fallait combattre et rejeter, ne pas se laisser submerger, lutter.

Avec un soupir il se glissa hors des couvertures. Le chauffage diffusait une chaleur agréable. Il alla se placer devant une fenêtre pour contempler le jeu de lumière de la cité d’Iros, capitale d’Artessos, le vue était magnifique et il resta là, de longues minutes à contempler un tel spectacle. Il se remémora ses réticences silencieuses et secrètes, celles qu’il ne pouvait partager avec que peu de monde, celles qui rongeaient tout son être et l’inquiétait au point qu’il ne trouvait plus le sommeil calme et profond.

Dehors, il neigeait. La neige dansait en une ronde monotone, lentement, elle mettait du blanc sur le tableau du monde, doucement elle se laisse glisser sous l’action d’un vent chantant. Mais cette contemplation ne l’aidait pas à retrouver sa quiétude passée, se détournant de cette neige tombante et tombée il se dirigea vers le système de communication holographique. Il y rentra les coordonnées de Rog, son ami le plus fidèle, un de ceux qu’il espérait emmener avec lui là haut, parmi les astres.

-Bonjour mon ami.

Roland aussitôt sortit de sa rêverie naissante.

-Bonjour.

-Hum … il se passe quelque chose ?

En dépit de son humeur, Roland ne put s’empêcher de sourire. Rog s’était toujours comporté ainsi, prévenant, curieux courtois, paternel avec ses amis.

-Je pense que je suis un peu déprimé.

-Tu as encore reçu la visite des spectres du passé ?

-Oui, ces images qui restent et reviennent … je les supporte pas, pourtant … pourtant je sais qu’elles vont demeurer tapies là dans mon esprit.

-Mais il y a autre chose n’est-ce pas ?

Un instant Roland resta silencieux.

-Je suppose que tu dois savoir toi, le poste qu’ils m’ont proposé …

-Bien sur ! Et donc ?

-J’ai la liberté de former mon équipe tu sais …

-Je suis sur que tu vas emmener la petite.

Le jeune homme acquiesça de la tête, ses traits semblaient peinés, presque attristés. Un fatalisme immense semblait peser sur ses épaules.

-Tu le sais Roland, c’est inévitable.

-Je dois la soustraire de leur influence !

-Je sais mon ami, je sais, je suis comme toi, je ne leur fais pas confiance.

-Oui, dans le fond ils ne sont que des individus, des fautes ont été commises …

-Mais attend, une chose m’intrigue, pour une personne mineure la durée de séjour chaque année dure …

-Six mois je sais, c’est pour ça que … que … on en reparlera. Dans deux jours, oui deux, je vais venir te voir pour t’en parler.

-Tu vas revenir dans le désert rien que pour ton vieil ami. Si tu as besoin de moi tu sais que je vais répondre présent, je vais attendre ta venue maintenant.

-Bien, merci pour tout. A dans deux jours.

-Salut gamin !

A peine la communication terminée que ses sentiments revinrent, il faillit rappeler Rog mais au dernier moment il s’abstint. Il frissonna, ferma les yeux et essaya de se calmer, reprenant doucement le contrôle de sa respiration il n’essaya pas de combattre les ombres de son esprit. Son sommeil troublé de cauchemars ne cessera jamais, il en avait conscience, maintenant qu’Artessos était entrée dans une nouvelle ère de son histoire les combats n’allaient jamais trouver de fin, les luttes politiques et idéologiques ne faisaient que commencer. Les images resurgirent ainsi que les voix, des cris de désespoir, la mort, la haine et la peur. Il revoyait ce couple, courageux, affrontant la mort malgré, un sacrifice pour leur enfant confiée à Roland, les parents de sa protégée, eux qui avaient sauvé sa vie. Jamais, il ne l’avait dis, il n’en trouvait pas le courage, comment avouer à Fianna que ses parents étaient morts pour le sauver lui ? Luttant pour repousser les larmes qui montaient à ses yeux, il ferma son esprit et chassa d’un coup ses souvenirs qui reviendraient bientôt …

Un affreux vend du nord c’était levé, il menait le froid dans son sillage, les températures chutaient encore et encore. La voix mauvaise du vent glacial semblait remplir l’environnement de crainte et de tristesse. Et malgré ce vent mauvais Roland sortit ce matin, bravant ce froid pénétrant. Il emprunta le système de transport urbain pour demeurer le moins longtemps dehors. Durant le trajet il se perdit une fois encore dans ses pensées, un avenir immense s’ouvrait devant les êtres Humains, il en avait conscience. Levant les yeux vers le ciel envahit de sombres nuages, il y pensait encore et encore. Le cosmos profond s’ouvrait à l’Homme, mais celui-ci doué d’un vaste potentiel semblait ruiner toutes les chances qu’il avait en sa possession. Et il demeura comme enseveli dans son rêve, il refaisait, une fois encore, le grand voyage vers un lointain passé, une époque où des idées aujourd’hui oubliées de tous avaient exaltées des âmes nombreuses. Des pensées, une idéologie partant d’un bon sentiment mais devenues un peu extrême en ce temps, une tentative quasi désespérée de modifier la nature Humaine, un rêve, une folie, une envie de paix universelle qui avait échoué.

Un frisson le secoua quand les portes s’ouvrirent, il revint bien vite à la réalité des choses, jetant un simple coup d’œil il constata qu’il venait d’arriver à destination, il descendit. Il se tenait sur le quai, il n’avait que quelques minutes de marches devant lui avant d’arriver pour de bon à sa destination. Pendant sa marche il continua d’y penser, à cet ancêtre des temps jadis, celui qui s’était dressé devant tous, c’était bien avant l’ère de l’exploration spatiale … Puis il se souvint qu’il avait d’autres soucis en ce temps présent, d’autres priorités, pourtant ces idées passées seraient un jour les bases de sa politique, si jamais il parvenait un jour seulement à la tête d’Artessos. Mais à cet instant un nouveau combat allait s’engager, il devait convaincre un ami de le suivre là bas, dans les étoiles, de redevenir l’homme qu’il avait été par le passé, d’être de nouveau lui-même et enfin, de se pardonner d’une faute pourtant non commise. Aujourd’hui il rendait visite à Ben.



Ben ne travaillait plus, il ne faisait que penser. Il venait juste d’apprendre qu’un nouveau modèle d’armure mobile venait d’être lancé, sans qu’il n’en sache rien. Lui qui avait créé le prototype de toutes les armures mobiles futures d’Artessos, il n’appréciait guère, même si il reconnaissait les capacités du AMA2-Gagarine, il se sentait doublé, trahis, désabusé. Il se questionna sur la politique même du Conseil dirigeant de la nation, quel jeu jouaient donc ces maudits conseillers ? Il ne se leva que lorsqu’il entendit frapper à sa porte, il la gagna que lentement, l’ouvrit pour y voir Roland, son vieil ami, il se souvint alors qu’aujourd’hui il devait effectivement venir, il l’invita donc à entrer. Roland jeta un bref regard à son ami, il comprit tout de suite qu’il était quelque peu tourmenté.

-Quelque chose ne va pas mon ami ? Demanda de suite Roland à Ben.

Celui-ci acquiesça de la tête avant de lui répondre.

-Ma carrière en tant qu’ingénieur concepteur est déjà terminée.

Et il mit Roland au courant, la nouvelle étant juste récente de quelques minutes, peu de monde encore savait. Non seulement le AMA2-Gagarine était le nouveau modèle d’armure mobile d’Artessos mais en plus le précédent modèle allait être entièrement automatisé, plus aucun pilote ne viendrait piloter un tel engin.

-La politique du Conseil m’inquiète, confia Ben à Roland, il nous utilise comme des pions pour je ne sais quelle raison ténébreuse, personnellement je viens juste de décider que mon service auprès des conseillers est terminé, encore une époque révolue …

-Sa tombe alors, j’ai un travail pour toi !

-Vraiment ?

-Oui ! J’ai besoin de quelqu’un qui connaît bien les armures mobiles, qui sait piloter, qui accepte surtout de piloter, d’un concepteur, d’un observateur et d’un combattant.

-Et bien sur tu as pensé à moi … sympa mais guère réjouissant, tu sais bien que …

-Que tu es hanté par un souvenir dont tu n’es pas le créateur, c’était juste inévitable ce jour là, personne n’aurait pu éviter une telle chose.

Ben ne répondit pas, détournant son regard, tournant la tête, il évitait de regarder Roland, il risquait lui aussi de se perdre en ses tristes pensées.

-Je ne te forcerais pas, mais juste une chose, j’ai besoin de toi, nous avons besoin de toi, moi, Fianna, Rog et Artessos elle-même, toute la nation, c’est là bas, dans les étoiles qu’est notre place, loin du Conseil nous allons pouvoir gagner des partisans, des pouvoirs, des savoirs, nous allons pouvoir nous forger une image, nous lancer dans une politique nouvelle qui pourrait bien à terme mener à une ère nouvelle. Voilà, c’est tout, maintenant je vais te laisser, avec tes propres malheurs, je te demande juste de réfléchir à mon offre et de venir me trouver dans les quatre jours qui viennent, car après je vais mener un petit voyage dans cette station pour reconnaître le terrain.

Il salua son ami et sortit de lui-même sans attendre de réponse.